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ROME-Les évêques africains réunis au Kenya ont publié mardi une déclaration appelant les gouvernements du monde à prendre des mesures “urgentes et ambitieuses” pour protéger la biodiversité. C’est la première fois que des prélats du continent prennent une position collective et publique sur le climat.
“Notre maison commune et notre famille commune souffrent”, indique le communiqué. “La biodiversité souffre à un rythme plus rapide qu’à tout autre moment de l’histoire, et les rapports majeurs successifs ont mis en évidence l’ampleur considérable de la perte de la nature. L’urgence climatique provoque la montée des mers, une planète plus chaude et des conditions météorologiques plus extrêmes, qui dévastent toutes la création de Dieu.”
La déclaration accompagne une pétition que d’autres peuvent signer et qui le restera jusqu’à la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité (COP15) de cette année, qui aura lieu en décembre. 5-17 à Montréal, Canada.
L’appel provient du Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar( SCEAM), et selon le communiqué de presse accompagnant la déclaration, “c’est la première fois que l’Église africaine prend une position publique sur ce domaine.” Le Réseau Ecclésial sur la Forêt du Bassin du Congo (REBAC) et le Mouvement Laudato Si’ (LSM) ont également soutenu la pétition.
Avec leur déclaration et la pétition, les évêques du SCEAM se sont joints à ceux qui demandent que 50% de la Terre soit protégée d’ici 2030. Le document appelle également au respect des droits des peuples autochtones et à l’arrêt immédiat de la construction de l’oléoduc de pétrole brut d’Afrique de l’Est. Et il appelle les gouvernements-en particulier ceux des pays du Nord-à faire preuve de transparence et à rendre des comptes, tout en leur rappelant leurs engagements financiers pour mettre fin à la perte de biodiversité et amorcer son rétablissement.
Le texte a été présenté lors d’un événement à Nairobi, où se déroulent les sessions préparatoires de la COP15. Le sommet des Nations Unies devait initialement se tenir en Chine, mais lundi, le secrétariat a annoncé qu’il se tiendrait désormais au Canada, mais “sous la présidence de la Chine.”
Comme le souligne la pétition, “les biologistes estiment que nous conduisons les espèces à l’extinction à un rythme de 100 à 1 000 fois leur rythme habituel.”
Citer Laudato Si’, L’encyclique du Pape François sur la création de Dieu, les évêques disent que “nous n’avons pas un tel droit.”
« En effet, les écosystèmes sains, notamment les forêts et les océans, sont plus capables de stocker du carbone. D’autre part, la réduction du réchauffement climatique réduit le risque d’extinction des espèces”, lit-on dans la pétition.
Le pontife argentin a fait de la protection de l’environnement une pierre angulaire sociale de son pontificat et a déclaré qu’il espérait que son encyclique publiée en 2015, le premier document papal de ce type consacré à l’environnement, influencerait l’accord de Paris de 2015 sur le changement climatique.
La Conférence COP15 sur la biodiversité réunira des dirigeants d’États, des organisations régionales et des acteurs non gouvernementaux, et vise à approuver la version finale du projet de Cadre mondial pour la biodiversité (GBF) post-2020, une mise à jour de la Convention sur la diversité biologique. L’édition de cette année a été reportée à deux reprises et déplacée de la Chine au Canada en raison de la COVID-19.
La Convention sur la diversité biologique a été signée par 150 dirigeants gouvernementaux lors du Sommet de la Terre de Rio en 1992 et se consacre à la conservation de la diversité biologique. Il a maintenant été ratifié par 195 pays plus l’Union européenne, mais pas par les États-Unis ou le Royaume-Uni. Vatican, qui a ratifié plusieurs autres conventions des Nations Unies, notamment sur l’élimination de la discrimination raciale, le statut de réfugié, les armes à sous-munitions et les armes biologiques.
La pétition du SCEAM pour la COP15 fait suite à celle signée par plus de 120 000 catholiques et 420 organisations présentée aux autorités de la COP26 sur le changement climatique, tenue à Glasgow l’année dernière. La pétition Planète en santé, Des gens en santé a demandé aux dirigeants mondiaux de prendre des mesures urgentes pour la création de Dieu.
Cette année, à la COP15, selon la pétition du site Web, “nous allons faire de même et élever toutes les voix de la création de Dieu, en particulier celles des plus vulnérables.”
La déclaration du SCEAM fait une mention spéciale de la biomasse du bassin du Congo, la deuxième plus grande forêt tropicale humide du monde, et où l’exploitation forestière illégale et non durable ainsi que l’accaparement des terres et l’agriculture industrielle mettent les peuples autochtones et les espèces menacées en danger.
Le document souligne que l’urgence climatique et la crise de la biodiversité sont intimement liées.
La raison, disent-ils, est que la destruction de la biomasse entraîne la perte d’une ressource clé pour absorber le carbone de l’atmosphère, ce qui contribue à atténuer le réchauffement climatique. Le climat et la biodiversité sont les deux faces d’une même médaille et, pour cette raison, doivent être abordés ensemble, soutient le SCEAM.
De même, le problème écologique est indissociable de sa dimension sociale: la déclaration souligne que ces abus contre la biodiversité affectent les communautés vulnérables qui s’occupent de ces écosystèmes depuis des siècles, et génèrent également un certain nombre de conflits sociaux.
Comme avec Laudato Si’, le document des évêques africains considère que le soin de la nature et des plus vulnérables vont de pair. À ce sujet, ils déclarent “ » Nous n’avons pas le droit de détruire la biodiversité.”
Suivez Inés San Martín sur Twitter: @inesanma