Saint Jean-Baptiste déclare clairement qu’il n’est pas celui qui doit venir, mais qu’il y en a bien un qui doit venir, le Christ ou le Messie, qui était attendu depuis de longs âges. La vocation exaltée de saint Jean-Baptiste était d’être le dernier et le plus grand des prophètes, celui qui a enfin le privilège de Lui préparer le chemin.
Saint Paul dit que Notre Seigneur est « avant tout, et par lui toutes choses consistent. » (Col 1:17) Dans un autre endroit, il dit que Dieu “ nous a choisis en [Christ] avant la fondation du monde. »(Ep 1, 4) Si nous suivons de nombreux théologiens, en particulier ceux de l’école franciscaine, nous pouvons lire saint Paul comme indiquant que l’incarnation même du Christ était dans l’esprit, ou la sagesse, de la Sainte Trinité avant toute création, pour nous amener à la plénitude de la vie en Lui.
Le moyen par lequel nous recevons la plénitude de la vie ici-bas est le Saint Sacrement, notre Sainte Communion avec Dieu, à travers le corps et le sang du Christ. La chair et le sang sacrés de Notre Seigneur sont unis à Sa divinité parce que la nature humaine de Jésus est unie à Sa nature divine en une seule personne, dans l’union hypostatique. Comme le disait Tertullien, Caro salutis est cardo, la chair est la charnière du salut. La Parole divine s’est faite chair pour partager notre chair, de sorte que nous, en partageant Sa chair, devrions également partager Sa divinité. Ainsi nous est rappelé dans la prière que le prêtre dit en silence lorsqu’il mêle eau et vin à l’offertoire.
La chair de notre Seigneur Béni est essentielle à notre salut. C’est pourquoi Il est d’une grande importance comment Il a pris chair.
Dieu s’est préparé à l’incarnation en choisissant une femme pour être, comme l’a dit Wordsworth, “ la vantardise solitaire de notre nature entachée. »Depuis le péché de nos premiers parents, aucune femme, aucune personne humaine n’a été conçue sans péché originel. La Vierge l’était, de sorte que la chair et le sang du Christ ne seraient pas souillés, mais seraient comme toute chair aurait dû l’être depuis le commencement.
La Vierge a donné sa chair au Christ. Son corps et son sang précieux ont été formés dans le ventre de sa chair et de son sang qui lui-même a commencé son existence à l’Immaculée Conception. Comme l’a dit le Père Faber,
“ for pour chacun de nous, cette merveilleuse avenue des grâces, qui a commencé dans l’Immaculée Conception, court sans faute ni rupture directement vers le Saint Sacrement. […] Ainsi, à chaque messe et à chaque communion, nous levons les yeux vers l’Immaculée Conception.”
(Faber. Le Saint Sacrement. p. 179, 180)
En Dieu, il n’y a pas de séparation entre un mystère et un autre, ni d’ensemble de compartiments pour fermer la doctrine, la liturgie et la dévotion. Pour prendre un exemple, l’écrivain que j’ai cité, le Père Faber, dans ses hymnes et ses dévotions, ne peut être réduit à l’indulgence victorienne dans des imaginations sentimentales coupées des affaires supposées sévères et desséchées de la théologie dogmatique.
C’est en raison de sa foi vive dans l’Immaculée Conception et l’Incarnation, la Rédemption et la théologie sacramentelle, qu’il a été amené, comme Saint Bernard et bien d’autres avant lui, à remplir le tableau décrit dans le magistère des Papes et des Conciles de manière à attirer les gens à suivre le Christ, à aimer la Vierge, à apprendre leur catéchisme, à assister à la Messe et à recevoir la Sainte Communion avec dévotion, à prier le Rosaire, à chanter des hymnes, à se réjouir à Noël et à pleurer à la Croix.
Dans mon hymne préféré, Faber parle de l’attente de la Vierge, se levant à l’Annonciation, portant l’enlèvement à son oreille, avec une grâce débordante. Il parle des anges qui tombent devant elle pour adorer Jésus dans son sein. Il raconte comment la Vierge a été ravie de joie lorsqu’elle a entendu dans la liturgie juive les paroles des psaumes et des prophètes parler de Lui, Celui Qui est à venir, Celui qui est maintenant le fardeau sacré en elle. Ce fardeau, dit-il, est devenu de plus en plus nouveau au cours de ces neuf mois, la pressant avec une nouvelle grâce à chaque instant.
Puis enfin, dans le dernier verset, il fait la prière pour que nous fassions la nôtre à l’approche de la glorieuse fête de notre salut:
Tu as attendu, enfant de David!
Et ton attente est maintenant o’er!
Tu L’as vu, sainte Mère
Et ne Le voyez plus jamais!
O Son Visage et ses Traits Humains !
Ils /elles passaient gentiment pour voir;
Tu les vois en ce moment;
Mère, montre-les-moi maintenant.
(Faber. Hymne p. 174)
CRÉDIT PHOTO: Huile sur toile « Immaculée Conception » réalisée en 1830 par Philipp Veit, – Chapelle Orsini – Église de la Trinité des Montagnes à Rome (Italie). Wikimédia Commons. Auteur: Jean-Pol GRANDMONT