Un soir d’été quand notre frère Soleil laisse tomber ses derniers rayons sur le chantier et le monastère endormis. Tout est en paix.
Mais dès l’aube, la ruche se met à bourdonner. D’imposants poids lourds apportent les différents éléments de la charpente de l’aile ouest.
Sous le ciel de de juin, les charpentiers installent les poutres en bois massif. Plusieurs tonnes de pin Douglas viennent couvrir et protéger l’aile ouest des intempéries diverses (dans leurs genres) et nombreuses (en quantité) en Auvergne ! Les éléments déjà assemblés viennent les uns après les autres, portés par la grue, se poser sur leurs supports de béton et de pierre.
C’est à un véritable ballet auquel nous assistons depuis les fenêtres de nos cellules.
En quelques jours ils sont fixés et solidement arrimés au bâtiment. Vue de haut ou de l’intérieur, l’aspect majestueux et robuste reste le même.
Après cette première opération commence l’habillage : les chevrons sont fixés et recouverts de lattes de bois. Par-dessus, encore un isolant puis les baguettes qui reçoivent les tuiles creuses en terre cuite du pays, dont les belles couleurs réchaufferont les yeux.
Quand toute la structure en bois est bien terminée et solidement ancrée, alors les charpentiers laissent la place aux couvreurs. Deux métiers bien distincts et à ne pas confondre ! La dextérité et l’agilité des uns et des autres, en ces beaux jours d’été, nous a émerveillés. Elle a permis de terminer la plus grande partie de la toiture de l’aile ouest avant les départs en vacance. L’aile ouest prend un nouvel « air ».
Au même moment, l’aile sud voyait les préparatifs pour la dernière dalle.
Ce n’est pas si impressionnant vu d’ici ! D’une épaisseur de 28 cm et d’une superficie d’environ 300 m², elle a été coulée en une journée ! L’entreprise de gros-œuvre n’a ménagé ni sa peine, ni ses hommes.
Vingt mètres plus bas, au sous-sol exactement, les maçons attaquent, avec vigueur et entrain, la préparation des différentes dalles des sols des pièces techniques des ailes sud et ouest, là aussi plusieurs tonnes de béton seront coulées pour assurer la solidité et la stabilité de l’aile sud.
Ainsi la maison des moines sera bâtie sur le roc granitique et le béton armé. Avec tout cela la maison devrait durer quelques siècles…
Ne pouvant couler par le haut, d’étranges camions-toupies arrivent sur le site. Ils sont dotés d’un bras télescopique qui leur permet de « conduire » le béton dans les parties les plus reculées des sous-sols des ailes ouest et sud.
Notre électricien, jamais en manque d’humour et d’originalité, a décidé d’éclairer le sous-sol de l’aile ouest par une magnifique…guirlande de Noël.
Le sous-sol en est transformé à la plus grande joie des ouvriers qui y terminent les finitions.
L’avancement des travaux, bien perceptible, nous rapproche chaque jour, un peu plus, de la physionomie définitive du futur monastère. Ce qui incite les frères à aller jeter un « p’tit » coup d’œil.
Enfin dans notre ancien chauffoir, les plombiers achèvent l’installation du nouveau système de chauffage.
C’est tout un monde de tuyaux, câbles et ballons que seuls les experts en la matière connaissent. Mais à défaut de connaître, c’est au moins impressionnant à voir !
On profite des derniers travaux dans la chaufferie pour agrandir sa porte d’entrée.
Il faut qu’elle soit aux dimensions adéquates pour accueillir la future chaudière (et le bois pour l’approvisionner). Celle-ci doit assurer aux frères le minimum de chaleur pour leur permettre de louer le Seigneur dans la joie et la paix !
Surprise ce matin, dans la salle des coules ! M. Pascal Beauvais, sculpteur, apporte les deux premiers chapiteaux du futur cloître. Ils ravissent les frères par leur sobriété, la pureté des lignes et la paix qui s’en dégagent. Le thème iconographique choisi pour les chapiteaux est la vie de Notre-Seigneur et les 15 mystères du rosaire. C’est un total de 36 chapiteaux historiés qui viendront orner les colonnes du cloître du monastère.
Nous recevons donc le « Recouvrement de l’Enfant-Jésus au Temple »
avec celui du « Reniement et du Repentir de saint Pierre ».
De quoi déjà méditer en prenant la coule. D’autres arriveront en septembre.
Dans le même temps, les tailleurs de pierre sont aussi entrés en œuvre pour poser les encadrements en pierre de taille des fenêtres de l’aile ouest, les quatre oculus (ouvertures en œil-de-bœuf), et des linteaux des portes.
La dalle béton du cloître est coulée et terminée, en attente maintenant de son futur carellage.
Enfin les ouvriers commencent les finitions des sous-sols des ailes ouest et sud.
Juillet arrivant à sa fin, chacun prend un repos bien mérité. Tous reviendront au début de septembre pour de nouvelles aventures sur le chantier de Notre-Dame de Bellaigue.